1.1 Localisation et organisation administrative
D’une superficie de 4910 km2 (soit 4,36 % de l’ensemble du territoire national), la Commune de Gogounou est située dans
le département de l’Alibori entre 10°33’ et 10°57’ de latitude Nord et 2°15’ et 3°15’ de longitude Est (Carte1).
Elle est limitée :
- Au Nord-Est par la commune de Kandi
- Au Nord-Ouest par la commune de Banikoara
- Au Sud par la commune de Bembéréké
- Au Sud-est par la commune de Kalalé
- Au Sud-ouest par la commune de Sinendé
- A l’Est par la commune de Ségbana et
- A l’Ouest par la commune de Kérou.
Elle compte soixante-six (66) villages administratifs dont treize (13) quartiers de ville répartis dans six (6) arrondissements dont trois
(3) à caractère urbain (Gogounou, Bagou et Sori) et trois ruraux (Gounarou, Wara et Sougou-Kpantrossi). Parmi ces villages administratifs,
18 peuvent être considérés comme des quartiers de ville compte tenu de leur taille, de leur position géographique et de leur niveau d’équipement (SDAC, 2020).
Trois principaux groupes ethniques caractérisent la population de la commune : Baatombu 49,4 % suivi par les Fulbé 43,5%.
Le dernier groupe représenté par les Boo, les Dendi, Nago, Fon, Djerma, Gourmantché est celui des étrangers, venus des autres
localités du Bénin et des pays de la sous-région comme le Niger, le Nigéria, le Burkina-Faso, et le Togo. L'Islam est la région dominante.
Elle est pratiquée par 67,1% de la population. Le Catholicisme et le Protestantisme sont pratiqués respectivement par 7,8% et 0,9% de
la population. Les religions dites traditionnelles représentent 11,1% environ.
Carte 1 :Situation géographique de la Commune de Gogounou
1.2 Brève historique et peuplement
Le territoire actuel de Gogounou était connu sous le nom de Bagou Tem qui s’étendait de Sonsoro au nord
jusqu’à Dougou au sud et faisant frontière avec le Kpably Tem (Kérou) dans l’Atacora à l’ouest.
La majorité des localités de la commune est créée vers les années 1800. Les premiers occupants étaient les Baatombu,
suivis des Wassangari (princes) de la dynastie Gbassi Mako descendants de l’empereur Kpégounou Gbassi et des Yari.
Le Wassangari était la première autorité du pouvoir politique traditionnel. Les Baatombu étaient des chefs des guerriers.
Dans l’Alibori seuls les guerriers de Bagou ont vaillamment résisté à l’armée française lors de la colonisation du Borgou.
Cette farouche résistance à la colonisation aurait fait dévier de Bagou, la Route Inter-Etats Cotonou-Malanville.
D’autres sources orales renseignent que la Route Inter-Etats Cotonou-Malanville devrait passer par Sougou-Kpantrossi.
Les Koros (Baatombu Koros venus du Burkina-Faso) et les Peulhs cherchant de protection contre les agresseurs à cause de leurs troupeaux
de bœufs se sont ajoutés aux Baatombu (venus du pays Boo) et aux Wassangari. La région de Bagou a connu un passé
glorieux et était connue au-delà des frontières nationales notamment en pays Ashanti (Ghana) et Yoruba (Nigeria).
La bravoure, l’audace, le sens de la fraternité de la justice et de l’honneur caractérisaient les filles et fils
de cette région de Bagou. Ils étaient capables de sacrifice, pour la défense farouche de leurs territoires contre
toute sorte d’ennemis quelle que soit sa puissance. Ces qualités ont valu à la région de Bagou sa réputation de
citadelle imprenable. Les Touré, Mandé et Koumatè étaient des griots, des musiciens et des marabouts des princes Wassangari.
Tout ce beau monde cité plus haut vivait très uni et défendait leur terre avec courage sans limite. La prospérité et
la sécurité ont attiré des étrangers tels que les Djerma, les Haoussa, les Yorouba et les Ibo dans la commune de Gogounou.
1.3 Relief et hydrographie
Le relief de la commune de Gogounou est très peu accidenté, dominé par des buttes de grès d’une altitude variant entre 200 à 300 m.
Il est découpé par des vallées encaissées de l’Alibori à l’ouest et surtout de la Sota à l’est. L’ensemble s’incline légèrement vers
la vallée du Niger. Les pentes varient entre 0 et 51% dans les vallées encaissées du bassin sédimentaire drainé par la Sota et ses affluents.
En outre, on observe par endroits des plaines alluviales et des collines granitiques et quartzitiques.
En ce qui concerne le réseau hydrographique, la commune fait partie du bassin du Niger. Elle est drainée par de nombreux cours d’eau saisonniers
dont les principaux sont l’Alibori (83 km sur 338 km), la Sota (31,71 km sur 254 km) et la rivière Bouli
(74 km dans la commune) qui est un affluent de la Sota (Carte 2). Les principaux affluents de la rivière Alibori
sont : Morokou, Tèro, Souédarou, Darou Woka, Wourounbonou, Sadokara, Sénébabanou, et Naho. Les affluents de la Sota sont Borodarou, Bouli et Tassiné.
Carte 2 : Relief et hydrographie
La commune de Gogounou bénéficie d’un climat de type soudanien caractérisé par deux saisons
contrastées avec une pluviosité moyenne annuelle comprise entre 850 mm et 1350 mm.
Le régime pluviométrique est unimodal avec une saison pluvieuse de mai à octobre et une saison sèche de novembre à avril (DDAEP, 2022).
Gogounou bénéficie de trois stations de relevé pluviométrique à Sougou-Kpantrossi, Bagou et Sori. Ces stations ont permis de maitriser
les situations pluviométriques de la commune pour les quatre (04) dernières années.
Les périodes climatiques distinguées sont :
-
La période pré-humide (PPrH) qui s’étend de fin-avril à fin mai, est caractérisée par l’installation généralisée des herbacées surtout au niveau des bas-fonds
- La période humide (PH) qui s’étend de mi-mai à mi-septembre, marque la croissance et le développement des herbacées et des ligneux
- La période post-humide (PPsH) qui s’étend de mi-septembre à fin-septembre, est caractérisée par l’épiaison et la fructification des herbacées et des ligneux
- La période sèche (PS) de fin-septembre à fin-avril. Durant cette période, les pluies sont rares. Les ligneux fourragers sont menacés en plein milieu de cette période. Les feux de végétation se propagent, détruisent les herbes sèches et les arbres de petits diamètres.
La géologie de la commune de Gogounou est marquée par la grande faille de Kandi. Cet accident qui remonte à la formation des continents,
traverse non seulement le territoire communal, mais aussi tout le territoire béninois du nord au sud. Elle marque
le contact entre le bassin sédimentaire gréseux des Oullimenden à l’est et la plaine cristalline à l’ouest.
Ces formations géologiques ont une importante incidence sur les ressources hydriques avec des nappes souterraines plus fournies à l’est qu’à l’ouest de la commune.
Les sols de la commune de Gogounou reposent sur les sédiments gréseux et le socle granito-gneissique.
Ils sont à prédominance ferrugineux tropicaux et généralement aptes à l’agriculture.
Dans les plaines alluviales, dominent les sols alluviaux, argilo sableux assez riches du fait de l’apport de matières organiques par
les hautes eaux annuelles des rivières. On distingue quatre (04) principaux types de sols (Carte 3).
Les sols ferrugineux tropicaux sont les plus répandus (95,36 %). Ces sols à forte potentialité agricole sont sensibles à l’érosion.
-
Les sols hydromorphes des vallées, des cuvettes et des plaines alluviales (2,07 %) sont localisés en bordure des
cours d’eau. Ils ont un bon niveau de fertilité chimique, mais présentent une texture lourde et une faible perméabilité qui les rendent difficiles à valoriser
- Les sols gravillonnés, moins riches, se rencontrant surtout sur les pentes.
Leur valeur agronomique est assez faible. Toutefois, ils sont exploités pour la culture du sorgho, des arachides et du niébé ;
- Les sols minéraux bruts (1,48%), qui sont des sols peu évolués caractérisent les affleurements rocheux ;
d’une manière générale, ils sont de fertilité moyenne et souvent sensibles au lessivage.
- Les sols brunifiés (1,09 %), caractérisés par un humus de type mull à rotation rapide, peu épais, formant
un ‘‘pont ferrique’’ avec l’argile. Ils sont localisés en bordure de la rivière Alibori.
Carte 3 :Pédologie de Gogounou
La flore est constituée pour l’essentiel de savanes, caractéristiques des régions soudaniennes avec une
mosaïque de savanes herbeuses, arbustives, arborées et boisées ainsi que des forêts claires, des galeries forestières et des jachères.
Les savanes arborées et arbustives sont composées des espèces comme Vitellaria paradoxa, Burkea africana, Borassus aethiopum, Parkia biglobosa,
Tamarindus indica, Adansonia digitata, Combretum glutinosum, Combretum collinum, Combretum nigricans, Terminalia avicennioides, Terminalia laxiflora,
Guiera senegalensis, Crossopteryx febrifuga, Detarium microcarpum, Sclerocarya birrea, Piliostigma thonningii.
Les savanes boisées, abritent Daniellia oliveri, Ficus platyphylla, Lannea velutina. Les forêts claires sont composées des espèces telles que :
Isoberlinia doka, Isoberlinia tomentosa, Bombax costatum, Anogeissus leiocarpa, Pterocarpus erinaceus, Prosopis africana,
Sclerocarya birrea, Burkea africana. Le long des cours d’eau, se développe une galerie forestière caractérisée par des espèces
telles que : Khaya senegalensis, Khaya grandifolia, Diopyros mespiliformis, Manilkara multinervis, Vitex doniana, etc. Dans les terroirs villageois,
la végétation naturelle est réduite en îlots sur des terres marginales suite aux fortes pressions agricoles.
La faune sauvage confinée dans les forêts classées de l’Alibori Supérieur et des Trois Rivières est en voie de disparition. La grande faune a été
décimée par les braconniers et les pratiques agricoles destructrices de l’habitat faunique. Actuellement,
la faune se compose des espèces comme le cobe de buffon (Kobus cobe), le céphalophe de grimm (Cephalophus grimmia),
des reptiles en l’occurrence les crocodiles (Crocodilus niloticus) et les pythons (Python sebae) protégés par les religions endogènes.
1.7 Caractéristiques économiques
L'économie locale de la commune de Gogounou est organisée autour de la
production agricole, la production animale,
l’artisanat et dans une moindre mesure le commerce, le transport, la chasse et le tourisme.
L’agriculture représente l’activité économique la plus importante dans la commune.
L’élevage constitue la première source économique des ménages Fulbé qui font 43,50% de
la population et secondaire pour les autres ménages.
L’importance de ce cheptel a favorisé la création de deux importants marchés
à bétails à caractère régional et international, notamment le marché
à bétails autogéré de Gogounou Centre et le marché à bétails traditionnel
de Petit-Paris. Le contrat de gestion du marché à bétails de Gogounou est caduc tandis que le marché à bétails
de Petit Paris ne dispose d’aucun acte juridique de gestion. La nécessité d’actualiser ou de formaliser la gestion de ces
infrastructures s’impose à la Commune. A ces deux marchés s’ajoutent les marchés de petits ruminants de Borodarouet de Diadia.
En ce qui concerne la pêche, elle constitue une activité secondaire pour
les populations de Gogounou. Elle se réalise au niveau des retenues et plans d’eau de la Commune.